Troubles de la conscience

Score de Glasgow modifié < 11 chez l'adulte et l'enfant de plus de 5 ans.

Score de Blantyre < 3 chez le petit enfant.

Convulsions répétées

Plus de deux épisodes par 24h, malgré la correction de l'hyperthermie.

Prostration

Extrême faiblesse empêchant le patient de rester assis, debout, ou de marcher sans assistance.

Chez l'enfant : Impossibilité de tenir assis pour un enfant en âge de le faire.

Chez le petit enfant : Impossibilité de boire pour un enfant trop jeune pour tenir assis.

Ictère

Clinique, ou biologique avec bilirubine > 50 μmol/l.

Hémoglobinurie macroscopique

Urines rouge foncé ou noires.

Hémoglobinurie ou myoglobinurie à la bandelette.

Hypoglycémie

Glycémie < 2,2 mmol/l (0,4 g/l).

Oedème pulmonaire

Confirmé radiologiquement.

Désaturation < 92%, hyperventilation > 30/mn.

Crépitants à l'auscultation.

Acidose métabolique

pH < 7,35.

Déficit en base > 8 mEq/l.

Bicarbonates < 15 mmol/l.

Détresse respiratoire (polypnée...).

Hyperlactatémie

Lactates ≥ 5mmol/l.

Anémie sévère

Enfant de moins de 12 ans : hémoglobine ≤ 5 g/l ou hématocrite ≤ 15%.

Adulte et grand enfant : hémoglobine ≤ 7 g/l ou hématocrite ≤ 20%.

Hémorragies

Hématémèse ou méléna.

Saignements répétés ou prolongés du nez, des points de ponctions...

Collapsus circulatoire

Temps de recoloration > 3 secondes.

PAs < 80 mmHg chez l'adulte ou < 60 mmHg chez l'enfant (moins de 5 ans).

Créatininémie > 265 µmol/l.

Insuffisance rénale

Urée sanguine > 20 mmol/l.

Diurèse < 400 ml/24h chez l'adulte, < 12 ml/kg/24h chez l'enfant.

Hyperparasitémie

Parasitémie > 4% chez le sujet non immun (définition française).

Parasitémie > 10% (définition OMS).

Selon le contexte (pays, sujet immun ou non...), l'hyperparasitémie est définie de 4% à 20%.

Interprétation des Critères de Gravité du Paludisme

  • La présence d'un critère de gravité unique parmi ceux mentionnés constitue un paludisme grave et nécessite une prise en charge appropriée à ce cas. Plasmodium Falciparum répond aux critères de gravité.

Les références

  • Guidelines for the treatment of malaria, 3rd edition 2015, WHO Library Cataloguing in Publication Data.
  • Le Concours médical, tome 138, N° 6, juin 2016.
  • ECN Pilly 2016, UE6 n°166 - Infectiologie. http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/ecnpilly/ecnpilly2016-ue6-166-web-nov2015.pdf.

Les critères de gravité du paludisme sont définis par l’OMS afin d’identifier rapidement les formes sévères de la maladie, principalement dues à Plasmodium falciparum. Leur reconnaissance est capitale car elle conditionne la prise en charge en urgence, la nécessité d’un transfert en soins intensifs et le choix du traitement antipaludique.
Principaux critères de gravité
Atteinte neurologique : coma (score de Glasgow < 11), convulsions répétées, troubles de la conscience → paludisme cérébral.
Détresse respiratoire : œdème pulmonaire, acidose métabolique avec polypnée.
Choc hémodynamique : collapsus ou hypotension sévère.
Anémie sévère : Hb < 7 g/dL (particulièrement chez l’enfant).
Troubles de l’hémostase : coagulation intravasculaire disséminée, saignements spontanés.
Ictère clinique marqué avec cytolyse hépatique.
Insuffisance rénale aiguë : oligo-anurie, créatinine élevée.
Hyperparasitémie (> 4 % des globules rouges infectés, seuil plus bas chez l’enfant ou la femme enceinte).
Hypoglycémie (< 2,2 mmol/L, souvent aggravée par la quinine).
Acidose métabolique ou lactate > 5 mmol/L.
Intérêt clinique
Permet de stratifier les patients : paludisme simple vs paludisme grave.
Conditionne l’indication d’un traitement IV immédiat (artésunate IV en 1ʳᵉ intention, sinon quinine IV).
Guide le transfert en réanimation si atteinte neurologique, respiratoire ou multiviscérale.
Limites
Diagnostic parfois difficile dans les zones à ressources limitées où l’accès aux examens biologiques est restreint.
Nécessite une expertise clinique pour ne pas confondre avec d’autres infections sévères (méningite, sepsis bactérien).
Conclusion
Le score de gravité du paludisme selon l’OMS est un outil vital pour détecter rapidement les formes sévères et initier une prise en charge intensive et adaptée. Son application stricte a permis de réduire significativement la mortalité liée au paludisme grave dans le monde.