Introduction
La morphine est l’un des antalgiques majeurs les plus utilisés pour le traitement des douleurs intenses, aiguës ou chroniques, notamment en oncologie ou en soins palliatifs. Si son efficacité n’est plus à démontrer, son utilisation s’accompagne fréquemment d’effets secondaires, dont la constipation est le plus courant et le plus persistant. Comprendre ce lien et savoir anticiper et gérer ce trouble est essentiel pour garantir le confort et la qualité de vie des patients.
Utilisation de la morphine
La morphine appartient à la famille des opioïdes. Elle est prescrite pour soulager des douleurs modérées à sévères, lorsque les antalgiques de niveau inférieur ne suffisent plus. Elle peut être administrée par voie orale, injectable, ou sous forme de patchs, selon les besoins du patient et le contexte clinique. Son action centrale sur les récepteurs opioïdes du système nerveux permet un contrôle efficace de la douleur, mais elle agit également sur d’autres systèmes de l’organisme, notamment le tube digestif.
Effets secondaires : la constipation
Parmi les effets secondaires de la morphine, la constipation est le plus fréquent et le plus gênant. Elle survient chez plus de 40 % des patients traités, et peut concerner jusqu’à 90 % des personnes âgées sous morphine. Ce phénomène s’explique par l’action de la morphine sur les récepteurs μ-opioïdes présents dans l’intestin, qui ralentit la motricité intestinale, réduit la sécrétion de liquides digestifs et perturbe l’évacuation des selles. Contrairement à d’autres effets indésirables (nausées, somnolence), la constipation ne s’atténue pas avec le temps et persiste tant que le traitement est poursuivi.
Les conséquences peuvent être importantes : inconfort, douleurs abdominales, fécalome, voire occlusion intestinale. Parfois, la constipation conduit à une réduction ou à un arrêt du traitement antalgique, au détriment du soulagement de la douleur.
Gestion de la constipation
La prise en charge repose sur plusieurs axes :
· Prévention systématique : Un traitement laxatif doit être débuté dès le début de la morphine, même en l’absence de symptômes.
· Mesures hygiéno-diététiques : Augmenter l’hydratation, consommer des fibres et maintenir une activité physique adaptée.
· Surveillance régulière : Évaluer la fréquence et la consistance des selles pour adapter la prise en charge.
· Traitements spécifiques : En cas d’échec des laxatifs classiques, des médicaments ciblant spécifiquement la constipation induite par les opioïdes (PAMORA) peuvent être prescrits.
Conclusion
La constipation liée à la morphine est un effet secondaire fréquent, prévisible et persistant, qui doit être systématiquement anticipé et traité. Une prise en charge préventive, associant laxatifs et conseils hygiéno-diététiques, est indispensable pour permettre aux patients de bénéficier pleinement de l’analgésie sans compromettre leur confort digestif. L’évaluation régulière et l’adaptation du traitement sont essentielles pour éviter les complications et préserver la qualité de vie.