Allergie aux pollens : comment soulager les symptômes dans la durée ?

L’allergie aux pollens (ou pollinose) est une réaction excessive du système immunitaire face aux grains de pollen présents dans l’air. En France, l’indice pollen est publié chaque jour à l’échelle communale et classé sur une échelle de très faiblefaiblemodéréélevétrès élevé à extrêmement élevé, avec un pic allergique déclenché dès que le niveau élevé est atteint. Cette météo allergique permet à chacun d’anticiper les périodes à risque selon son lieu de résidence.

L’allergie déclenche l’activation de certains globules blancs, comme les mastocytes, qui libèrent des substances inflammatoires responsables des symptômes bien connus (éternuements, nez qui coule, yeux rouges) souvent confondus avec un rhume saisonnier.

Qu’est-ce que l’allergie aux pollens ?

L’allergie aux pollens correspond à une hypersensibilité de type I, médiée par les IgE, consécutive à l’inhalation de grains de pollen en suspension dans l’air. Cette réponse immunitaire repose sur une reconnaissance spécifique des allergènes polliniques, entraînant l’activation des mastocytes et des basophiles, puis la libération de médiateurs pro-inflammatoires, tels que l’histamine.

Les espèces végétales les plus impliquées sont :

      Les graminées (ray-grass, fléole, dactyle).

      Les arbres (bouleau, cyprès, noisetier, aulne).

      Les herbacées (armoise, ambroisie, plantain).

Les patients peuvent être sensibilisés à une seule espèce végétale (monosensibilisation) ou à plusieurs (polysensibilisation). En période de foin, les symptômes peuvent fortement s’intensifier.

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Les symptômes de l’allergie aux pollens

La symptomatologie associe généralement des atteintes respiratoires, conjonctivales, et parfois cutanées ou générales.

Symptômes respiratoires

      Rhinite allergique : inflammation de la muqueuse nasale entraînant un nez bouché, des éternuements en salves, une rhinorrhée claire et un prurit nasal.

      Toux irritative : nocturne dans beaucoup de cas ou déclenchée par l’effort, liée à une hyperréactivité bronchique.

      Exacerbation d’un asthme préexistant  : toux sèche, dyspnée, sifflements expiratoires et sensation d’oppression thoracique.

Symptômes oculaires

      Conjonctivite allergique (démangeaisons oculaires, larmoiement, rougeur conjonctivale et photophobie).

      Sensation de sable dans les yeux ou œdème palpébral modéré.

Symptômes généraux

      Fatigue chronique, liée à un sommeil perturbé par la gêne respiratoire.

      Céphalées frontales et congestion des sinus.

      Éruptions cutanées non spécifiques (urticaire, prurit), parfois en lien avec une dermatite atopique sous-jacente.

Ces manifestations peuvent être source d’inquiétude et doivent amener à consulter un médecin en cas de doute ou d’aggravation.

Pourquoi certaines personnes sont-elles allergiques aux pollens ?

L’allergie aux pollens résulte d’une interaction complexe entre prédisposition génétique, facteurs environnementaux et modifications récentes du contexte climatique.

Facteurs individuels et génétiques

La prédisposition atopique reste déterminante. Elle s’exprime sur un terrain génétique favorable, renforcé par une hyperproduction d’IgE spécifiques. L’hérédité familiale, l’enfance en milieu urbain et la faible exposition microbienne (théorie hygiéniste) en sont des éléments contributeurs.

Facteurs environnementaux

La pollution atmosphérique (ozone, particules fines), le réchauffement climatique et l’urbanisation modifient le profil pollinique : pollens plus abondants, plus longtemps présents et parfois plus agressifs. Ces conditions expliquent l’augmentation de la prévalence et la sévérité croissante des formes cliniques.

Ces conditions expliquent l’augmentation de la prévalence et la sévérité croissante des formes cliniques, ce qui alimente régulièrement les alertes de prévision pollinique en France.

Comment diagnostiquer une allergie aux pollens ?

Le diagnostic repose sur une concordance entre la symptomatologie évocatrice (rhinite, conjonctivite, asthme) et la période de pollinisation, complétée par un bilan allergologique.

Tests cutanés d’allergie

Réalisés sur la face antérieure de l’avant-bras, les prick-tests permettent d’identifier une sensibilisation à des allergènes polliniques standardisés (graminées, bouleau, ambroisie…). Une papule prurigineuse érythémateuse apparaît en 15 à 20 minutes en cas de réaction positive.

Dosage des IgE spécifiques

Indiqué en cas de contre-indication aux tests cutanés (eczéma, prise d’antihistaminiques…), ce dosage sérique (ImmunoCAP, RAST) permet de détecter une réponse IgE dirigée contre des allergènes précis. 

Diagnostic différentiel

Il convient d’exclure :

      Une rhinite virale ou infectieuse.

      Une sinusite aiguë.

      Une rhinite vasomotrice non allergique.

      Une conjonctivite infectieuse ou un syndrome sec.

Le recoupement clinique avec les données polliniques régionales (RNSA, calendriers) est indispensable pour confirmer le lien allergénique.

Les traitements de l’allergie aux pollens

La prise en charge de l’allergie aux pollens repose sur une stratégie multimodale, combinant traitement symptomatique, approche préventive et, dans certains cas, immunothérapie allergénique spécifique.

Médicaments antihistaminiques et décongestionnants

Les antihistaminiques H1 de deuxième génération (cétirizine, desloratadine…) sont recommandés en première ligne. Les décongestionnants nasaux doivent rester ponctuels (< 5 jours) pour éviter l’effet rebond.

Corticostéroïdes nasaux et inhalés

Les corticoïdes nasaux (fluticasone, budésonide…) sont le traitement de fond de référence. En cas d’atteinte bronchique, on les associe à des bronchodilatateurs de longue durée d’action (LABA) dans le cadre de l’asthme allergique.

Immunothérapie allergénique (désensibilisation)

L’immunothérapie spécifique est indiquée chez les patients présentant une allergie confirmée, des symptômes persistants ou mal contrôlés ou un asthme allergique léger. Administrée par voie sublinguale ou injectable, elle nécessite un engagement sur 3 à 5 ans avec un effet durable après arrêt du traitement.

Remèdes naturels et conseils d’appoint

Certains adjuvants naturels apportent parfois un soulagement partiel :

      Lavage nasal au sérum physiologique pour éliminer les allergènes déposés.

      Usage de lunettes de protection à l’extérieur.

      Infusions riches en flavonoïdes (ortie, thé vert) pour leur effet anti-inflammatoire modeste.

Ces solutions ne doivent toutefois jamais se substituer à une prise en charge médicale, notamment lorsque les troubles affectent durablement la santé respiratoire.

La prévention de l’allergie aux pollens

La prévention des symptômes liés à l’allergie aux pollens repose sur la limitation de l’exposition aux allergènes atmosphériques, combinée à des mesures hygiéno-environnementales ciblées.

Éviter l’exposition aux pollens

Pour limiter le contact avec les pollens :

      Garder les fenêtres fermées en journée.

      Éviter les sorties par temps sec ou venteux.

      Ne pas faire sécher le linge à l’extérieur.

      Porter lunettes et masque à filtre lors des déplacements.

      Se doucher et changer de vêtements au retour à domicile.

Adapter son environnement domestique et professionnel

À domicile comme au travail :

      Utiliser des filtres HEPA sur les systèmes d’air.

      Aérer en soirée, après la chute pollinique.

      Nettoyer fréquemment tissus et surfaces.

      Éviter les plantes allergisantes dans les espaces privés.

Le calendrier pollinique régional permet d’identifier les périodes critiques et d’instaurer un traitement préventif (antihistaminiques, corticoïdes nasaux) quelques jours avant l’exposition attendue, en contact régulier avec un professionnel de santé.

L’allergie aux pollens et l’asthme : quelle relation ?

L’asthme allergique constitue une manifestation respiratoire basse fréquente de la pollinose, particulièrement chez les patients atteints de rhinite allergique persistante.

Mécanisme immunologique partagé

L’inhalation de grains de pollen déclenche une réaction immunitaire IgE-médiée, responsable d’une inflammation des voies respiratoires, à la fois supérieures (rhinite) et inférieures (asthme). Cette inflammation éosinophilique de l’arbre bronchique induit une hyperréactivité bronchique, responsable de symptômes typiques :

      Toux sèche.

      Dyspnée à l’effort.

      Sifflements expiratoires.

      Sensation d’oppression thoracique.

Prise en charge conjointe

Chez un patient présentant à la fois une rhinite allergique et un asthme allergique, une prise en charge intégrée est recommandée :

      Traitement de fond de l’asthme : corticoïdes inhalés +/- bronchodilatateurs selon les paliers GINA.

      Contrôle de la rhinite : utilisation régulière de corticostéroïdes nasaux et d’antihistaminiques.

      Éducation thérapeutique : reconnaissance des signes d’alerte et adaptation du traitement.

Comment l’alimentation peut aider à gérer l’allergie aux pollens ?

Si l’alimentation ne remplace pas le traitement médical, elle peut soutenir l’équilibre immunitaire et atténuer l’inflammation.

Aliments aux propriétés anti-inflammatoires

Plusieurs catégories d’aliments sont susceptibles de diminuer l’intensité des symptômes :

      Fruits riches en vitamine C (kiwi, agrumes, fraises).

      Poissons gras (sardine, maquereau, saumon).

      Aliments riches en quercétine (oignon rouge, pomme, raisin noir).

      Épices (curcuma, gingembre).

Ces aliments doivent être intégrés dans une alimentation variée, pauvre en produits ultra-transformés, afin de favoriser l’homéostasie immunitaire.

Attention au syndrome pollen-aliment

Chez certains patients, notamment sensibilisés au bouleau, un syndrome oral croisé peut apparaître en cas de consommation de fruits crus (pomme, noisette, pêche, cerise). Ce phénomène est dû à une homologie entre les protéines allergéniques du pollen et celles de certains végétaux.

Allergie aux pollens et enfants : Prendre soin des plus jeunes

L’allergie aux pollens chez l’enfant est une entité fréquente, souvent sous-diagnostiquée ou confondue avec des infections ORL à répétition.

Symptômes évocateurs chez l’enfant

Les signes cliniques incluent :

      Rhinite persistante, avec nez qui coule clair, éternuements répétés et nez bouché.

      Conjonctivite allergique (yeux rouges, démangeaisons oculaires et larmoiement bilatéral).

      Toux sèche, sifflements bronchiques ou dyspnée évoquant un asthme allergique débutant.

      Fatigue diurne, irritabilité et troubles du sommeil, en lien avec la gêne respiratoire nocturne.

L’anamnèse doit rechercher une saisonnalité des symptômes, un terrain atopique familial et une corrélation avec la période pollinique.

Prise en charge adaptée

Le traitement repose sur les mêmes classes thérapeutiques que chez l’adulte, avec une posologie pédiatrique adaptée :

      Antihistaminiques oraux de deuxième génération (éviter les sédatifs).

      Corticostéroïdes nasaux adaptés à l’âge (mométasone, fluticasone).

      En cas de formes sévères ou d’échec du traitement symptomatique, immunothérapie spécifique possible dès l’âge de 5 ans.

L’objectif est de prévenir l’évolution vers une forme asthmatique persistante, d’améliorer la qualité de vie et de limiter l’absentéisme scolaire.